Ionesco

Toutes les naissances sont célébrées par l'ensemble du clan comme si chaque petit était l'enfant de tous. Cependant, l'éclosion du petit Ionesco a été sans conteste la plus attendue de toute l'histoire du clan. En plus de ses deux parents membres du clan, sa jeune tante Porcairagues et ses arrières-grands-parents Die et Verne attendaient la naissance avec impatience. Autant dire que Brontë n'a pas eu souvent à garder ce petit. Il a fallu cependant toute l'attention possible pour l'élever.

En effet Ionesco s'est vite avéré, de manière assez surprenante, n'avoir pas du tout hérité de la douceur et de la timidité de ses deux parents. Très tôt, le hatchling a été pris de crises de colère incontrôlables, de véritables frénésies où il perdait le souffle sans réussir à se calmer. La moindre contrariété pouvait le jeter dans des hurlements et des trépignements si intenses que plus d'une fois Aulnoy a dû être appelée en urgence pour lui faire respirer des vapeurs calmantes, sous peine qu'il ne s'étrangle lui-même. Zweig et Honey en ont conçu une angoisse et une inquiétude extrême, mais sous les encouragements de Silvana, n'ont pas fléchi sur l'éducation de leur fils. Celui-ci d'ailleurs, ne comprenait pas plus que ses parents ce qui lui arrivait. Ionesco était un petit énergique, sportif, populaire et désireux de rendre fier ses parents. Il manquait certes énormément de patience, mais n'était pas capricieux ou mal-élevé pour autant. Saint-Exupéry a eu beaucoup de travail avec lui, et a confirmé que son cas était pathologique et que le petit hatchling n'y pouvait rien. Il a mis en place une thérapie de longue durée afin de lui apprendre à vivre avec cette particularité handicapante au quotidien. Il a dû également inclure dans son quotidien tout un panel de séances de relaxation et d'exercices de respiration pour faire face.

Ce manque de contrôle sur lui-même et la mauvaise image que cela renvoyait de lui auprès des parents de ses petits camarades l'ont fait beaucoup souffrir. Heureusement, ses parents l'ont toujours soutenus, et il est resté même à l'âge adulte très proche d'eux et reconnaissant de l'avoir toujours écouté et encouragé. C'est pourquoi il n'a jamais voulu quitter le clan, contrairement à ses camarades, pourtant moins assurés et entreprenants que lui. Cette attention constante le rassurait en lui servant de garde-fou contre ses rages incontrôlées. Ionesco se méfie de lui-même et ne s'apprécie pas trop, ce qui lui vaut encore de nombreuses séances chez Saint-Exupéry. Mais ce qui lui a finalement permis de trouver l'équilibre, c'est l'aide de son arrière-grand-père Verne.

Le wildclaw était ravi de cette nouvelle naissance dans la famille, et a toujours montré beaucoup d'amour pour son descendant. Il a été le compagnon de jeu le plus patient de Ionesco enfant, et son confident le plus loyal au cours de son adolescence. Les deux dragons sont extrêmement complices. Pour lui apprendre à canaliser sa colère, Verne lui a appris son métier. La couture demandant beaucoup de patience et d'échecs tout d'abord frustrants, les débuts ont été très difficiles pour Ionesco, d'autant qu'admiratif du travail familiale, il souhaitait vraiment les imiter. Mais Verne ne s'est jamais impatienté ni n'a baissé les bras, et faisant preuve d'une douceur absolu, il a su apprendre petit à petit à son arrière-petit-fils les ficelles du métier, jusqu'à ce que l'atelier devienne un refuge pour Ionesco.

Le volcanique dragon a particulièrement pratiqué le tissage, qui passé les premiers nœuds indémêlables, s'est avéré très apaisant. Voyant les effets positifs sur son patient, Saint-Exupéry le lui a même recommandé comme thérapie. Silvana n'a pu qu'approuver lorsque Ionesco a exprimé le désir de devenir tisserand. Verne préférant la couture et étant sans cesse à cours de tissus, il obligeait Gautier à d'innombrables voyages et provoquait dans le trésor du clan une brèche non négligeable, ce qui ne convenait pas du tout à la dirigeante. Il n'a pas été difficile pour O'Hara d'ajouter un nouvel atelier près de celui de Verne et Honey, meublé d'un gigantesque et imposant métier à tisser qui tourne à plein régime. Ionesco apprivoise encore son nouvel outil de travail, et commence tout juste à produire ses propres motifs de tissus, encore très simples.

A la surprise générale, Ionesco a été touché par le sort des veilspuns et est devenu l'un d'entre eux au cours d'une crise de colère particulièrement spectaculaire. Il a été inspecté sous toutes les coutures par les mages et les soigneurs du clan afin de comprendre le phénomène, mais en vain. La seule chose qui en ressort, c'est que cela n'impacte en rien sa santé. Il a fallu ensuite procédé à de nombreux aménagements pour accueillir correctement le premier veilspun du clan.

A l'arrivée de Graffigny, Ionesco a passé beaucoup de temps auprès d'elle. Le jeune adolescent rebelle avait besoin de se sentir compris par quelqu'un de son espèce. Cela a donné lieu à un flirt précoce et passager qui a abouti à un nid surprise. Les deux nouveaux parents étaient encore beaucoup trop jeunes pour pouvoir assumer totalement cette lourde charge. Aussi ont-ils pu compter sur leur famille pour élever la plus minuscule portée qu'on ait alors jamais vu dans le clan.