Racine

Racine est arrivé dans le clan tout bébé. C'était un petit orphelin triste, trimballé de clan en clan, sans un jouet ni un ami, que Brontë a récupéré lors d'une réunion entre clans où on lui cherchait une nouvelle fois un foyer d'accueil. Racine n'était pourtant pas un gamin à problème, c'était plutôt le genre de petit qu'on oubliait, transparent et malchanceux, avec une faim terrible d'affection jamais assouvie. Silvana a approuvé sans difficulté son adoption au sein du clan lorsque Brontë lui a présenté son nouveau protégé, et le petit gaoler est devenu aussitôt un enfant du clan, au même titre que ces camarades aux yeux verts. Racine vivait un rêve éveillé.

Avec lui, Brontë a pu satisfaire une nouvelle fois ses instincts maternels débordants, l'autorisant même à l'appeler maman, ce dont le petit gaoler lui a été reconnaissant au-delà des mots. Pour la première fois, il avait une vraie famille, un vrai clan, et le petit pâlichon et silencieux s'est épanoui dans sa nouvelle vie. Il a grandi au chaud dans la fourrure de sa nourrice, au côté de La Bruyère, petit dragon du même âge adopté en même temps que lui.

Racine est devenu un dragon adulte doux et attentionné, d'une loyauté à toute épreuve et toujours disponible. Il a souhaité suivre les pas de son modèle, Brontë, en s'occupant des jeunes dragonneaux, mais sur les conseils de Silvana, il s'est plongé très jeune dans les études afin de devenir d'abord puériculteur, puis pédiatre. Il a passé un temps infini le museau fixé sur d'épais volumes scientifiques et médicaux, avec chevillé au corps la volonté d'apporter sa contribution au clan. Racine s'est servi de ses études comme ultime catharsis, en se faisant la promesse que désormais il aurait les moyens d'aider efficacement d'autres dragonneaux. Personne ne doute qu'il sera à son tour comme un père pour nombre des petits adoptés un jour par le clan. En attendant, il est ravi lorsqu'il reçoit la visite à son cabinet de Brontë, pour laquelle il garde une tendresse toute filiale, accompagné d'un petit intimidé par ses outils médicaux.

Silvana est ravie de ce jeune médecin si réceptif et docile à ses projets, qui vient combler un vide préoccupant de la maison de santé. Elle lui répète souvent qu'elle est fière de son adoption, qu'il s'est davantage conduit comme un enfant du clan que bon nombres des propres natifs du vol, et qu'aujourd'hui il se montre digne des espoirs placés en lui. Des mots qu'elle sait doux au cœur du jeune dragon, qui s'épanouit chaque jour davantage.