Beaumarchais

Queneau a toujours eu du mal à déléguer, c'est un fait. Mais après l'arrivée de Guillet, il est devenu clair qu'il perdait un temps fou à préparer la nourriture, ce qui ne lui laissait presque plus de temps pour cuisiner à proprement parler. Mais le chef étant exigeant, il tâchait malgré tout de continuer à proposer des repas toujours aussi exceptionnels à ses camarades. Ce qui lui apportait une pression intolérable qui rendait son caractère plus volcanique que jamais.

Pour éviter une explosion et un bogsneak en burn-out, les ambassadeurs sont partis à la recherche d'un poissonnier qui saurait préparer les produits de la mer pour que Queneau n'ait plus qu'à les utiliser comme ingrédients. Ils ont pour cela exploré de fond en comble le vol de l'eau, sans trouver la perle rare. Beaucoup de savoir-faire, mais pas d'atomes crochus. Silvana est quelqu'un de très exigeante, et elle voulait quelqu'un qui s’adapterait parfaitement à l'équipe de cuisine du clan.

Ils ont fini par dénicher Beaumarchais dans son vol d'origine. D'aucun dirait qu'il s'agit surtout de l'exact opposé de Queneau, mais ce serait faire preuve de mauvaise foi. L'impérial est une boule de douceur et de gentillesse. C'est quelqu'un d'incroyablement courtois, poli et raffiné, d'un tact et d'une élégance charmante. Son métier en est d'autant plus étonnant, mais il se contente de dire qu'il aime l'éclat argenté des écailles. La raison de ce choix de carrière reste un mystère.

Beaumarchais a un charme ancien, un peu désuet, et un caractère facile et gai. Il s'est très vite intégré, et même Queneau n'a pas râlé à l'ajout autoritaire de ce nouveau membre. Il faut dire que Beaumarchais est un poissonnier efficace, discret et rapide, à qui on ne répète jamais rien deux fois. Desbordes l'a très vite attiré dans son salon et fidélisé, mais c'est Baudelaire qui a été le plus enchanté. Il raffole des manières de Beaumarchais, et les deux dragons aiment se retrouver pour le thé.

De son propre aveu, la seule ombre au tableau du point de vu l'impérial est que tout le monde le trouve toujours plus vieux qu'il ne l'ait réellement. Cela le frustre, mais lui a déjà valu l'attention d'Austen et Tolkien, les parents d'Euterpe. Ceux-ci trouve que ce dragon poli et raffiné serait un gendre bien agréable et assorti à leur fille, et qu'il comblerait ses goûts de relation plus mature sans exagérer avec un mâle du double de son âge. Mais celle-ci fait la fière, et est sans doute une des seules désagréables avec Beaumarchais. En cause, sa profession, qu'elle trouve trop triviale et peu noble. Mais cela ne l'empêche pas de jeter des coups d'oeil appréciateurs aux manières du nouveau venu, d'autant plus depuis que Colette, qu'elle admire tant, a elle-même loué la politesse de dandy de l'agréable dragon, et qu'elle n'hésite pas à sortir du théâtre à sa patte en tant qu'amie lorsque Bazin a un empêchement. Cela a profondément remuée la fière Euterpe dans ses convictions.